Saliha : Je suis née à Saint Denis et j'ai grandi à La Courneuve. Ma mère est femme au foyer, et mon père commerçant, il avait un salon de coiffure. Je passais beaucoup de temps à le regarder travailler.
Petite, j'aimais bien jouer aux jeux vidéo comme Tomb Raider. Et puis j'ai commencé à m'intéresser à l'ordinateur, ce qu'il y avait dedans. J'étais très attirée par ce monde virtuel, une manière de s'échapper du monde dans lequel on vit.
Ado, je me suis mise au foot, j'aimais bien le côté d'avancer en équipe vers le même objectif.
J'étais au collège à la Courneuve, j'avais de bonnes notes alors comme j'aime me dépasser, j'ai tenté le lycée Louis Le Grand : ça a été une sacrée claque de me retrouver avec un 5/20 à mon premier contrôle de maths ! Mais au final, ça m'a poussée dans mes retranchements. J'ai persévéré. J'appréhendais de venir d'un collège de banlieue pour atterrir là-bas, mais en fait, d'où qu'ils viennent les jeunes ont tous les mêmes centre d'intérêt. Un jour, un prof nous a demandé si on écoutait France Inter : toute la classe a éclaté de rire, parce que nous on écoutait tous Skyrock !
Maâde : On est complètement opposées Saliha et moi : petite, j'étais bonne élève, mais en comportement, j'étais celle qui parlait tout le temps et qui se faisait pas mal renvoyer. J'étais la rebelle avec de bonnes notes. J'ai fait toute ma scolarité dans le 91. Je voulais devenir astronaute. D'ailleurs, c'est toujours dans ma tête, on verra…
Et prof de maths aussi, comme mon père. Pour transmettre mon goût de cette matière, contrairement à mes profs de l'époque, qui n'étaient pas du tout motivants. Il n'y avait aucune remise en cause de l'enseignement, et moi j'étais celle qui contestait, qui levait tout le temps la main pour trouver une faute ou faire une réflexion. Jusqu'au lycée, je n'ai vraiment pas appris grand chose en cours dans ma construction humaine. C'était surtout grâce à l'environnement multiculturel dans lequel j'ai grandi que j'ai réussi à apprendre des autres et les/me comprendre. Je me souviens même, quand j'ai voulu postuler pour une bonne prépa de commerce (Saint-Louis), mon prof a refusé de signer ma demande en disant “ça ne sert à rien de viser haut”. Je ne l'ai pas écouté, et j'ai été prise à Saint-Louis puis j'ai intégré HEC Paris.
C'est là que j'ai fait la connaissance de Saliha.